Texte

« Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour » (Lc 24, 35-48)

samedi 29 janvier 2011

Semaine du 29 janvier au 6 février 2011 – 4ème Dimanche du Temps Ordinaire Année Matthieu A


La vigne, prototype de l’Eglise

Pierre Talec, prêtre de Paris

Des terrasses brunes et gorgées de soleil, on peut admirer les vignobles alignés, taillés, émondés et exposés au soleil comme pour faire chanter la mer. En fond de tableau, Collioure. Le clocher de l’église, enfoncé dans l’eau, surgit comme le mât d’un bateau. Devant ce paysage, longtemps j’ai médité ce refrain : « nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection jusqu’à ce que tu reviennes. » Est-il contenu, ce fondement de la foi chrétienne, dans la raisin destiné à être foulé pour donner le cru du vin, celui de la Cène préfiguré à Cana ? Ce n’est pas pour rien que Jean 5,1 lance ce fameux : « le commencement des signes de Jésus. » La vigne et le vin, prototypes de l’Eglise.

Regardons de plus près. Vigne ! prophétie de l’Eglise. Le cep représente la tête, le Christ. Les sarments font penser aux sacrements vivants que sont les chrétiens, tous baptisés du pape aux laïcs, ordonnés à l’Eucharistie. L’Evangile de Jean fait retentir la parole du Christ : « la vraie vigne, c’est moi». On passe sensiblement de l’ordre de la création à celui de la rédemption. L’Eucharistie récapitule toutes les alliances de la Révélation. De Noé (alliance perpétuelle) jusqu’à celle, nouvelle et éternelle, du Jeudi Saint. Pressoir mystique de l’Eucharistie, toute l’humanité présente avec ses fêlures, mais également avec le salut du Christ. Il fait de l’Eglise l’espace spirituel des hommes « pécheurs et sauvés ». N’est-ce pas la fine fleur de l’amour que proclame Isaïe : « je chanterai à mon ami le cantique du bien-aimé pour sa vigne » ? Ce que confie le Christ la veille de sa mort à ses Apôtres : « Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis. » Cela n’est pas un post-scriptum en bas d’une signature, mais la signature même de Jésus.

Quel changement avec les provocations d’autres religions : terrorisme, kamikazes, morts que fait subir au monde une certaine partie de l’islam affichant intolérance et conquête. L’inverse de l’Evangile ! « Demeurez en mon amour ». Faites de votre cœur le cœur de Dieu. Jésus dit son commandement final «aimez-vous les uns, les autres même vos ennemis ».

Alors, qu’en est-il du témoignage des chrétiens ? Faut-il des martyrs comme les moines de Tibhirine ? Qu’en est-il aujourd’hui de la règle d’or : « Ubi caritas… ibi est amor » ? Par rapport aux païens, quelle différence ?  La conversion reste l’utopie de l’Evangile. Quelle force d’attraction  l’Eglise exerce-t-elle dans un monde désenchanté, aveugle, égoïste ? Ne faut-il pas que les raisins d’amour du Christ soient ces semences d’Evangile en nous ? « Sans moi, vous ne pouvez rien faire, dit le Christ ». Avec lui, certains font beaucoup, il suffit d’être branché sur le Christ comme le Christ est branché sur nous. Etre connecté sur lui comme lui tient à nous. La fidélité conquise se vit dans l’espérance du retour du Christ.. « Je ne boirai plus le vin de l’Alliance jusqu’à ce que je revienne. » A quand ce retour ? le Christ espère-t-il en nous ? 

extrait du journal La Croix du samedi 29, dimanche 30 janvier 2011 

   

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